dimanche 1 juin 2008

Lightnin' Hopkins : love in color.

J'ai visionné cette semaine un document assez rare qui sera projeté la semaine prochaine dans le cadre du festival Filmer la musique (j'ai d'ailleurs rencontré les deux programmateurs, Olivier et Eric, deux membres du collectif MU, à l'enthousiasme communicatif, cf poptronics.fr mardi). Le film s'appelle The Blues According to Lightnin' Hopkins, dure une petite demi-heure et fut réalisé en 1967 par un certain Les Blank, vraisemblablement en 16mm si l'on en juge ce grain et cette couleur, très texturée. Incroyable l'effet que m'a procuré cette immersion dans le Texas de la fin des années 60, et surtout cette première scène où Hopkins et des potes jouent en pleine nature, dans leur jus et comme si leur vie en dépendait. Quand on naît fan d'indie-pop, des Smiths voire de Sonic Youth, le chemin est long pour apprécier à leur juste valeur le son et l'âme du blues. Non que j'en écoute en permanence maintenant (il m'arrive de mettre une compilation Chess Records de temps en temps, surtout l'épisode consacré aux chanteuses, ou ce bon vieux Big Bill Bronzy, dont la truculence balaie toutes les prévenances possibles au sujet du blues, que certains croient figé dans le désespoir et le chant du Diable !) mais ce document est un précipité de ce qu'est le blues : d'abord et surtout un chant communautaire, un lien social qui unit dans un même moment les jeunes et les vieux, les riches et les pauvres, dans un respect et une écoute mutuels. Hopkins apparaît dans ce film tel qu'en lui-même, rablé, hâve, pochtron, fendard (son anecdote sur le flic qui lui demande pourquoi sa voiture est embourbée, à cause d'un énorme cochon, est à se tordre), habité par ses chansons. Certains plans resteront lontemps gravés dans ma mémoire, tel celui de deux gamines de 10 ans dansant très sérieusement une sorte de rock syncopé mêlé de ... tecktonik avant l'heure, ou ceux de ces deux nanas de vingt ans lookées cow-boy, pantalon moulant blanc, très conscientes de leurs effets, et qui esquissent au ralenti une danse du bassin très sensuelle. Bref, ce film est une petite merveille, il sera projeté le dimanche 8 à 12h30 au Point FMR. A ne pas râter non plus ce court métrage totalement "free" qui voit Don Cherry se battre en duel avec les gargouilles de Notre Dame ou jouer de la flûte face aux sarcophages du Louvre (le 8 à 14h) ou ce très doux documentaire sur le clubbing à Berlin (Feiern), qui donne immédiatement envie de s'expatrier, tant la scène électronique berlinoise a de choses à nous apprendre (le 6 à 14h).

Extrait :

Aucun commentaire: